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Ce soir, j’ai envie d’évoquer un épisode un peu inhabituel de l’île… Les épisodes les moins représentatifs étant souvent, par la même, les plus intéressants.
Cet épisode était le dernier de l’année 77, diffusé juste avant le réveillon. A la suite de je ne sais plus quel arrangement, François, Monsieur du Snob et le facteur devaient se mettre d’accord entre eux et décider quel était le meilleur chanteur d’eux trois, celui qui méritait d’interpréter sa chanson dans la dernière émission de l’année. Comme chacun d’entre eux est son propre fan inconditionnel, ils n’arrivent pas à s’entendre sur ce point, et s’empoignent. On voit même François agresser Monsieur du Snob en lui rabattant violemment le chapeau sur les yeux. Et après la séquence intercalaire, quand Julie vient leur demander lequel d’entre eux va interpréter sa chanson, ils ont du sparadrap partout, ils se sont flanqué une raclée. Evidemment, Julie les enguirlande et décide que l’ultime chanson de l’année sera « La recette de la sagesse », interprétée, comme il se doit, par Casimir et elle-même. Episode insolite, disais-je… D’abord, parce que c’est, à ma connaissance, la première et peut-être la seule fois qu’une vraie bagarre a lieu sur l’île, et ensuite, parce que cette histoire fait sortir François de sa sagesse habituelle et le facteur de sa bonhomie. On a parfois évoqué cet aspect de l’île aux enfants : le caractère des personnages n’est pas figé une fois pour toutes dans un ou deux traits de personnalité immuables, il peut leur arriver de dévier… On sait que Patrick Bricard aimait se défouler dans ses rôles de Merlock Folmes et de Docteur Barbichu, ça lui permettait de rendre le personnage de François moins lisse… Mais là, c’est encore plus percutant, c’est le cas de le dire. Mais pourquoi pas, ça permettait de montrer que même François peut sortir violemment de ses gonds.
citation:Débat lancé par casimirus25: mais dis moi tu possedes combien d'épisodes au juste dans ta vidéotheque personnelle?
Très peu, en fait, cher Casi25. Je ne possède que les vidéos "Au pays de Casimir", "Les bêtises de Casimir" et "Casimir fait la vedette". Cet épisode-là, je le tire de mes vieux souvenirs.
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Mais en général, c'est François qui joue le rôle de l'arbitre, du "négociateur" ou du moralisateur. Il est tout de même rare de le voir participer à la bagarre , celle-ci étant effectivement l'occupation favorite de Casimir et Léonard, ou Casimir et Du Snob....
citation:Débat lancé par julie: Mais en général, c'est François qui joue le rôle de l'arbitre, du "négociateur" ou du moralisateur. Il est tout de même rare de le voir participer à la bagarre , celle-ci étant effectivement l'occupation favorite de Casimir et Léonard, ou Casimir et Du Snob....
Tout à fait! D'ailleurs, si je peux me permettre une supputation (Non, c'est pas une cochonnerie! ), je ne serais pas franchement étonné si on me disait que cet épisode a été écrit par Patrick Bricard lui-même, ou tout au moins que cette participation de François à la bagarre était une idée à lui. Christophe Izard laissait une certaine liberté à ses auteurs-comédiens dans l'évolution de leurs personnages, et je vois bien Patrick Bricard se lasser de son personnage d'arbitre, de moralisateur, de gendre idéal...
A ce propos, les paroles de Casimir dans "La recette de la sagesse" en disent long en quelques mots : "Car François m'a dit un secret : Monsieur du Snob et le facteur, Julie, Mademoiselle Futaie font aussi parfois des erreurs." C'est encore ce pauvre François qui se retrouve en dehors du coup, et en dehors des mauvais coups. Un personnage si parfait, qui n'a pas droit à l'erreur, ça finit par être insupportable. Pour changer, François avait bien le droit de faire lui aussi des conneries, de se bagarrer, de laisser s'exprimer le petit diablotin qui était en lui... C'est vrai, quoi, y a pas de raison que ce soient toujours les mêmes qui s'amusent!
Au passage, ce doit être dans cet épisode que François a commencé à troquer ses chemises à carreaux contre des chemises blanches à manches longues. Un changement vestimentaire qui annonçait peut-être aussi quelques changements d'attitude.
Sinon, Gilles, bien sûr, tu as raison, les polémiques ne sont pas rares sur l'île (voir à ce sujet l'entrée "disputes" dans la rubrique "Casimir de A à Z" sur Casimirland). L'île aux enfants est certes un pays merveilleux, TROP merveilleux, et le danger était qu'il devienne ennuyeux et qu'il n'y ait rien à raconter, les gens heureux n'ont pas d'histoires! Christophe Izard et son équipe ont donc trouvé le bon filon pour mettre de l'animation : l'île est peuplée de fortes personnalités, qui entrent fréquemment en conflit les unes avec les autres. Ce qui ne les empêche pas de partager une profonde amitié! Casimir et Léonard s'adorent, mais ne peuvent pas s'empêcher de se bouffer le nez (sur ce plan, y a plus à bouffer chez Léonard que chez Casimir, mais bon...). Casimir et Monsieur du Snob ont peu d'affinités, et pourtant, ils ont du mal à cacher qu'ils s'apprécient.
On retrouve aussi ce genre de conflits sans gravité dans les petites séquences. Dans la chanson "Je l'ai vu de mes yeux vu", Toba, Léonard, Grouchi et Touta se chamaillent et se bousculent, chacun d'eux ayant une version différente des faits qu'ils ont vu. Dans un épisode du Cramti, Bécarre et Triolet s'empoignent suite à un échange d'aménités par tam-tam. En revanche, Pierre et Charlotte réalisent une belle harmonie, un peu semblable à la complicité de type frère - soeur qui unit Julie et François. Albert et Barnabé ont eux aussi trouvé leur équilibre, mais chez eux, le cas est un peu particulier, c'est plutôt une relation dominant-dominé... ou un couple sadomaso, mais dans ce cas, c'est Albert qui est le sado, et Barnabé, le maso.
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"je ne serais pas franchement étonné si on me disait que cet épisode a été écrit par Patrick Bricard lui-même, ou tout au moins que cette participation de François à la bagarre était une idée à lui." nous dit le Chapelier... et il n'a pas tort ; mes souvenirs sont loin, mais je me faisait la même réflexion. C'est peut-être Patrick qui "rua dans les brancards"... à moins que ce ne fut Jean-Louis Terrangle (Dusnob). Vivre tant d'années dans ce monde "trop beau" était parfois pesant, comédiens et auteurs (les mêmes souvent) étaient parfois sur les dents. Le monde véritable était comme à son habitude à feu et à sang et, nous, nous tournions en rond avec nos "bons sentiments". Qu'il est difficile par moment d'être "le gentil" !
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Oui, c'est souvent beaucoup plus drôle de jouer les rôles de méchants. Sacha Briquet, alias Travling, avait un rôle en or dans l'île aux enfants : lui, il pouvait s'offrir le luxe d'être un salopard.